Israël s’effondrera sous le poids de ses contradictions

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La société israélienne semble de plus en plus divisée. Aux traditionnels clivages gauche/droite et à la lutte opposant les laïques aux religieux, s’ajoute désormais un mouvement féministe bien particulier. « Les Femmes du Mur » ont obtenu le droit de prier comme des hommes devant le Mur des Lamentation, lieu le plus saint du Judaïsme.

« Nous avons fait une prière historique, même si cela a été pénible », a déclaré Shira Pruce, la porte-parole du mouvement féministe. Environ un millier de fanatiques juifs ont tenté d’empêcher la tenue de ce qu’ils considèrent comme une hérésie. Les policiers ont été qualifiés de « nazis », dans la tradition de la loi de Godwin, si chère aux Israélites. Les ultra-orthodoxes ont par ailleurs bombardé les femmes avec des bouteilles, des ordures et des injures.

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Les féministes militaient depuis une vingtaine d’années pour pouvoir prier à la façon des Hommes. Durant toute cette période, elles ont été persécutées par les services de sécurité, rompus aux brimades en tout genre.

Cette victoire d’un féminisme nouveau, qu’on pourrait qualifier de religieux, dénote de celui qu’on trouve en Occident. Contrairement au mouvement Femen, il n’est pas lié à la prostitution et au business. De plus, il a des objectifs clairs et précis, alors qu’un mouvement comme Femen n’a pour raison de vivre que la provocation et l’esbroufe.

Des fissures dans les murailles israéliennes

Israël ne doit sa supériorité régionale qu’à deux facteurs : l’aide américaine (Israël est le pays au monde bénéficiant le plus de l’aide US avec 234 milliards de dollars gracieusement offerts depuis 1948) et l’unité de la société face aux menaces extérieures.

Le féminisme, s’il peut paraître légitime, a pour  conséquence de rajouter un clivage aux dualismes déjà existants au sein d’une société. C’est vrai en Europe, ça l’est tout autant en Israël. Les féministes du mur des Lamentations ont remporté une victoire, il serait étonnant qu’elles s’arrêtent là. D’autant plus que dans la société d’apartheid théocratique israélienne, les injustices faites aux femmes sont nombreuses.

L’émancipation de la gente féminine pourrait avoir pour effet secondaire l’apaisement des relations israélo-palestiniennes. Car, c’est bien connu, il n’y a pas de femme imbécile et meurtrière, à part bien sûr madame Thatcher. Plus sérieusement, l’apparition du mouvement de droits civiques permettrait de remettre en question l’hégémonie conservatrice et sécuritaire d’une caste masculine aussi criminelle qu’insensible.

L’autre force empêchant à Israël de devenir une nation débarrassée de l’impérialisme et de la discrimination est incarnée par la mouvance religieuse, qui s’est tristement illustrée lors de la première prière des femmes du Mur. Or, selon bon nombre de spécialistes, les ultra-orthodoxes sont de plus en plus isolés. Ils ne sont plus représentés au gouvernement, le ministère des Finances veut réduire leurs avantages pécuniaires et la population ne cesse de réclamer l’abrogation de leur exemption de service militaire. Les femmes (encore elles !) refusent désormais de s’asseoir à l’arrière des bus fréquentés par les ultra-orthodoxes, à l’image de ce qu’a fait Rosa Parks à une autre époque et dans un contexte finalement pas si différent.

Une société basée sur les discriminations

Celui qui ose qualifier l’Etat d’Israël de « seule démocratie du Moyen-Orient » doit ou bien être accroc à l’opium, ou bien être d’une mauvaise foi à en faire pâlir de jalousie un diplomate américain.

Le terme « démocratie » stipule tout d’abord l’égalité des droits. Or, Israël, outre les vexations quotidiennes qu’il fait subir à ses ressortissants arabes, est aussi coutumier des discriminations entre juifs Ashkénazes et juifs Séfarades.

En 2010, plusieurs milliers d’ultra-orthodoxes juifs Ashkénazes avaient manifesté contre la décision de justice obligeant une école de Cisjordanie d’accueillir en son sein des enfants séfarades. Par ailleurs, de nombreux séfarades prennent un patronyme ashkénaze pour espérer avoir accès à un bon emploi.

L’origine de ces discriminations remonte à la création de l’Etat d’Israël, en 1948. La plupart des Juifs ayant colonisé la terre de Palestine avant cette date son des Juifs européens et donc ashkénazes. Les vagues migratoires venues gonfler les peuplements juifs par la suite sont le fait des juifs séfarades, venus principalement du Maghreb et du Moyen-Orient.

Israël s’illustre également tristement par les nombreuses brimades faites aux immigrés « non-blancs ». Les Falashas (juifs éthiopiens) sont les premiers à en faire les frais. Ils seraient aujourd’hui un peu plus de 110 000 en Israël. Les autorités sionistes craignent que bon nombre d’entre eux n’aient menti sur leur « judéité ». Ces Falashas sont victimes de contrôles policiers excessifs et sont directement pointés du doigt dès qu’un fait divers sordide vient alimenter l’actualité.

Les Falashas, originaires d’Éthiopie ont été persécutés par d'autres juifs et par des rois chrétiens. Aujourd'hui, ils sont menacés par l'ultra-orthodoxie ambiante en Israël.

Les Falashas, originaires d’Éthiopie ont été persécutés par d’autres juifs et par des rois chrétiens. Aujourd’hui, ils sont menacés par l’ultra-orthodoxie ambiante en Israël.

Et après ?

Aucun régime au monde ayant ses fondations ancrées dans un profond terreau d’injustices ne peut durer éternellement. Il en a été ainsi pour l’Afrique du sud de l’apartheid, pour l’Allemagne nazie ou encore pour la discrimination raciale aux États-Unis. Israël n’échappera pas à la règle. Parce que quand on commet une injustice contre un groupe, c’est toute une société qu’on menace.

Au-delà de ces considérations d’ordre philosophique, Israël est confrontés à un grand péril, incarné dans la « menace démographique ». Le réservoir mondial juif n’est pas intarissable, tôt ou tard il n’y aura plus personne ayant une judéité suffisamment établie pour venir coloniser la terre de Palestine. En Israël même, les juifs sont confrontés à une explosion démographique des populations musulmanes. Et si actuellement environ 75% des Israéliens sont juifs, les choses pourraient prochainement changer.

Le Revizor

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